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Sortie falaise adultes, ou quand les éléments s’acharnent

Quand je me suis levé en ce dimanche 11 octobre, sous une pluie battante, éclairs illuminants un ciel nocturne, tonnerre grondant plusieurs fois par minute, un léger doute m’a assailli. Premier réflexe, un regard sur la météo. Bon, à Châteauvert, ils annoncent encore grand beau. Je vérifie sur les cartes satellite et ça semble correct.

Alors feu, on n’a pas mis en branle tout ça pour annuler à la dernière minute. D’abord un report météo la semaine dernière, un arrêté préfectoral d’interdiction des massifs qui nous oblige à nous expatrier, une longue organisation en collaboration avec l’ASSA pour ne pas qu’on se marche sur les pieds, une course de moto qui nous empêche d’accéder aux gorges du Blavet initialement prévues, et finalement une météo de nouveau capricieuse… Certains diront que le sort s’acharne.

Et le sort a eu raison de la sortie pour les enfants, qu’on voyait difficilement faire 1h30 de route pour aller grimper. Mais chez les adultes, c’est une autre paire de manche, il y a de gros motivés. Et c’est quand même avec une bonne douzaine de grimpeurs que nous faisons le déplacement jusqu’au vallon Sourn, abritant quelques superbes secteurs de grimpe. Et c’est peu après avoir quitté l’Esterel que le soleil pointe son nez, pour ne plus nous quitter jusqu’au retour à Cagnes.

Alors oui, nous n’étions pas les seuls à la falaise, forcément, mais le site est grand, et nous avons pu trouver un bel espace au secteur Alex, avec des voies entre 4c et 5c+. Un petit détour à gauche pour équiper quelques 6a et 6b et à droite pour d’autres voies dans le 5 en fin de journée et ça suffit pour un belle journée.

Le caillou est bon, quoiqu’un peu patiné par endroits, le soleil est bien présent et nous offre une température parfaite, l’ambiance est au top, malgré les classiques « J’ai peur » dès qu’un ancrage se trouve un peu trop loin vers le bas.

Nous avons pu grimper tout notre soûl et apprécier d’être dehors, dans un cadre assez honnête, et nous étions là pour ça. Et vu comme l’avenir reste assez sombre, nous sommes bien contents d’en avoir profité ! Bravo et merci aux participants, c’était trop bien !

Stage de Pâques, le rapport

Après de longues semaines de réunions au sommet pour satisfaire une organisation sans faille, nous nous sommes retrouvés lundi matin dernier, à 8h30 à Cagnes-sur-Mer, 23 enfants surexcités, 2 moniteurs au taquet, un vaguement inquiet et quelques parents prêts à faire la route. Notre destination : le camping de Correns. Notre objectif : 5 jours de grimpe sur les falaises alentour, et tout particulièrement le site d’escalade de Chateauvert. Le thème du séjour : l’autonomie la survie.

Nous voici donc sur le parking de Sauvaigo, sacs, tentes, cordes et autres ustensiles de cuisine collective, à essayer d’empiler le tout dans les quelques véhicules. Le stage commence donc par une partie de Tetris en mode multijoueur. Une demi-heure plus tard, les clés tournent, les moteurs démarrent et le convoi exceptionnel part vers l’ouest, non sans un rapide stop à Leclerc et cette magnifique invention qu’est le Drive, afin que la colonie puisse se sustenter pendant ces 5 jours d’activité !

1h30 de route et beaucoup de vignobles plus loin, nous débarquons au camping du Grand Jardin à Correns, célèbre village bio de la provence verte. Et heureusement qu’un grand jardin, il y avait !! Le sympathique gérant du camping nous indique, après une négociation serrée, un emplacement fort agréable, légèrement à l’écart du camping, à quelques pas d’un vaste terrain de foot. Les jeunes pourront raisonnablement crier et jouer sans déranger outre mesure les quelques riverains des tentes voisines.

Une fois les voitures déchargées, la grande opération de construction doit commencer. Et tout le monde met la main à la pâte. Coopération et entraide sont les maîtres mots. Très vite, le village temporaire prend forme. Les arceaux s’emboîtent, les toiles se tendent, les maillets écrasent les sardines et les matelas se gonflent. Les groupes se forment et les colocataires prennent possession des lieux.

Et pendant ce temps, Alex organise son fief : la cuisine. Le charmant gérant et son chapeau nous ont gentiment prêté un espace couvert, tables, chaises et espace de cuisine pour nos repas. Nous voilà donc installés comme des princes dans leur palais. Ainsi le stage commença.

Après un pique-nique sur place, les parents ayant aidé au transport des troupes et au montage du camp embrassent une dernière fois leurs enfants, et nous voilà nous, faibles éducateurs sportifs tous sans enfant, livrés à nous-mêmes face à 23 jeunes bien décidés à profiter à fond de leur semaine. Livrés à nous-mêmes ? Non, ce serait omettre notre joker suprême, l’incarnation du courage, la touche maternelle et maternante de tout ce beau monde (nous inclus), la gérante des maux d’estomac et autres petits bobos, seule parent présente sur la totalité du stage, j’ai nommé la multirécidiviste directrice adjointe Delphine !

Il est donc temps de mettre en place notre plan d’action pour l’après-midi. Nous avions repéré un petit secteur tout proche du camping, accessible à pied. Une dizaine de voie sur un petit bout de caillou en limite d’un parc au bord de l’Argens. Le coin idéal pour briefer sur la sécurité et le déroulement global des journées, la gestion du matériel, une remise à niveau de l’escalade en extérieur, le premier de cordée, la manip du relais, et surtout poser un cadre. Quelques beaux arbres nous permettent également de tendre une petite tyrolienne et un atelier de remontée sur corde qui auront presque autant de succès que le toboggan du parc de jeux d’enfants juste à côté…

Vint finalement l’heure de rentrer et celle des premières douches. Parlons-en des douches. 3 douches en tout et pour tout pour la totalité du camping, c’est peu. Nous avons donc mis en place un système redoutable de passage de témoin (comme dans une course en relais), pour interdire l’accès à plus de 3 stagiaires en même temps, comme nous l’avait expressément demandé le serviable gérant, les témoins étant divers objets variant au fil des jours, du concombre à la chaise de camping. Terriblement efficace.

Pendant ce temps, nous nous attelions à la confection du premier repas : pâtes carbonara et salade de fruits. Les brûleurs sont en place et les casseroles lavées, Alex se pose en maître cuistot, poste qu’il endossera tout au long du séjour avec brio. Succès à l’unanimité ! Les jeunes font leur vaisselle, la vaisselle commune et filent s’amuser vers les tentes. Nous pouvons souffler et diluer notre fatigue autour de quelques bières et une partie de belote approximative. Quelques recadrages plus tard, les jeunes sont couchés, font semblant de dormir pendant que nous faisons semblant de les croire et nous cochons la croix de la première journée.

Je ne m’attarderai pas autant sur la suite du séjour au déroulement parfaitement maîtrisé. Lydia est venue en renfort pour la nuit suivante puis Isa a pris le relais jusqu’à la fin du stage. Côté escalade, les journées passées sur les falaises de Chateauvert furent idylliques. Les belles envolées dans des voies faciles correspondaient à la plupart de nos jeunes grimpeurs. Les plus motivés ont poussé l’effort un peu plus loin avec la meilleure perf à 6c+ pour Bastien. Certains ont même eu droit à une initiation aux grandes voies. Pour les jours de fatigue et les pannes de motivation, le terrain de jeu était vaste et la rivière au pied des falaises un coin de repli sûr lors des grosses chaleurs de l’après-midi, en contraste sévère avec la fraîcheur de nos nuits plus ou moins confortables.

De mon côté, c’était la première fois que je participais à un stage de cette ampleur. C’est non sans une certaine inquiétude que je mettais les pieds dans cette aventure. Au final, la semaine a demandé effectivement beaucoup d’énergie, mais le jeu en vaut très largement la chandelle. Que de bonheur que de voir nos jeunes évoluer dans un environnement si différent de nos habitudes, de leur apprendre des valeurs au-delà de ce qui touche à l’escalade, de rencontrer un contact un peu plus intime. L’accomplissement d’une belle année de travail.

Nous remercions les parents qui ont participé à tous les niveaux de l’organisation, et tout particulièrement Delphine pour son implication et son optimisme permanents malgré un manque certain de sommeil.

Pour finir, Guillaume et Alex se joignent à moi pour remercier chaleureusement tous les participants au stage. Les jeunes, vous avez été super. Et malgré nos quelques coups de gueule nécessaires, nous sommes très fiers de vous, de votre autonomie et de votre état d’esprit général.

A tous, nous vous donnons rendez-vous l’an prochain pour de nouvelles aventures !!!