Galet Jade et Syndrome de Lime : résumé d’une sortie au cap Canaille

Le cap Canaille, pour ceux qui ne connaissent pas, se trouve entre la Ciotat et Cassis. Il offre de belles falaises plongeant dans la mer où de beaux itinéraires de grimpe ont été tracés. Face à la mer, vue sur les calanques, un lieu assez idyllique.

C’est donc ici que nous avions choisi d’aller grimper avec les plus gaillards des adultes du club. Sébastien partait dans Galet Jade, 7a+ max, 6b oblig, avec deux cordées de trois : Alexis, Cécile et Bertrand devant et Cédric, Pierre et Ismaël derrière. Tandis que je partais dans le Syndrome de Lime, 6b+ max, 6b oblig, avec trois cordées de deux : la petite Cécile et Xav en tête, Gautier et Camille au milieu et Phil et Hélène en fin de cortège.

Nous nous sommes donc levés tôt pour faire la route, ne pas arriver trop tard et nous retrouver derrière d’autres cordées dans ces classiques fréquemment parcourues. Nous sommes les premiers au parking et après équipement, nous attaquons la courte marche d’approche pour descendre depuis le haut de la falaise jusqu’à son pied. Sans plus de mésaventure que ça (une fois n’est pas coutume), les premières cordées se lancent à l’assaut de leur première longueur respective.

Pour nous, c’est un 6a+ pas très joli au départ, mais qui s’élève vite dans les gros empilements d’assiettes caractéristiques du cap Canaille. Tout le monde avale sa longueur, même si le dévers attaque déjà aux bras.

Du côté Galet Jade, les 2 cordées de 3 se répartissent les longueurs : Ismaël et moi démarreront dans les 3 premières longueurs les plus faciles (small b… ;-)), puis Alexis et Pierre feront les 2 suivantes, dont la longueur clé en 7a+, et Bertrand et Cédric termineront l’ascension avec les 2 dernières longueurs en 6c.

La cordée supposée être la plus rapide sur le terrain n’étant pas la plus efficace au démarrage, c’est donc moi qui m’élance la 1ère pour une courte longueur de départ en 5c. On débute nous aussi sur de gros empilements de blocs, le rocher est un peu péteux mais l’équipement hyper rapproché, assez étonnant pour une grande voie, mais cela nous permet de nous chauffer en douceur.

 

La deuxième longueur en 6b+ est plus compliquée. Xav la négocie plutôt bien, alors que Gautier peine à passer le surplomb au deuxième point. On n’a pas trop le temps de tergiverser alors il redescend, je passe devant et installe des sangles dans les deux passages clés, bien utiles pour les suivants, surtout Philippe qui a déjà les bras qui fument.

Notre deuxième longueur en 6a est assez similaire à la première au niveau du type de rocher, bien que légèrement plus déversante. Là encore l’équipement est très sécurisant, et cette longueur ne posera de difficultés à personne.

 

La longueur suivante ne présente pas de grosse difficulté. La cordée Cécile/Xav a pris un peu d’avance, ils gèrent et je ne les verrai plus que de loin. Camille part en tête et profite d’un équipement serré pour sortir facilement. Hélène contourne un peu la première difficulté et sort aussi. Mais l’air de rien, toutes les longueurs présentent leur lot de dévers. Ça use les biceps, et la suivante est la plus penchée.

Les difficultés vont crescendo dans notre voie, et la 3° longueur est annoncée 6b. Le rocher est magnifique et moins fragile, on se fait plaisir sur cette très belle longueur qui finit par un petit pas un peu physique mais hyper équipé avant de se rétablir au relais 4 étoiles (comme quasiment tous les relais de notre voie d’ailleurs).

 

Les prises sont là, mais avec les sacs, c’est dur. Camille me laisse le sien pour repartir devant. Elle passe le dévers et la petite traversée à droite. Gautier suit, je prends la cordée de Phil et Hélène avec moi pour faire les dernières longueurs en tête.

De notre côté, c’est Alexis qui prend les rênes pour attaquer la 4° longueur, qui débute par une traversée plein gaz en 6b+, dans laquelle nous serons plusieurs à laisser par mal d’énergie, avant de remonter une cheminée pas forcément facile à négocier. L’option renfougne en fond de cheminée avec sac à dos ne s’avèrera pas être la plus adaptée, comme certains l’auront expérimenté.

 

Dans la 2° cordée, Cédric ferme la marche, et se rend compte après avoir fini la traversée… qu’il a oublié de déséquiper le relais !! Compliqué de faire marche arrière, on appelle donc Seb à la rescousse qui fera un petit aller retour en rappel puis moule fly pour récupérer mon matos. Quel sens du dévouement !

 

Gautier négocie le départ du relais suivant en tirant aux clous, pied dans les sangles. On n’est pas là pour l’éthique. D’autant plus que ça ne l’empêche pas de tomber tête en bas ! Heureusement que les points sont bons et proches. Il sort finalement ce dernier passage déversant pour terminer dans une jolie dalle en 6a.

A partir de L5, le rocher change du tout au tout et nous attaquons la partie en poudingue (comprenez roche sédimentaire avec inclusions de galets qui font peur parce qu’on a l’impression qu’ils vont s’arracher). Nous voici arrivés dans la longueur clé de la voie avec un passage en 7a+, et Alexis s’élance vaillamment (on ne lui a pas vraiment laissé le choix à vrai dire) et après avoir plutôt bien négocié la première partie en traversée, il chute sans parvenir à trouver la solution du passage en 7a+. Avec ses consignes, je m’élance derrière lui et je découvre rapidement les joies du poudingue (voir en début de paragraphe), puisque je tombe en arrachant une prise à l’entrée du crux, le flashage du 7a+ en grande voie sera pour une autre fois ! Heureusement les dégaines sont rapprochées et nous permettent de passer le crux sans la moindre éthique. Bertrand quant à lui commence à subir le poids du sac à dos et le tirage de la corde de Seb, il arrive au relais bien exténué.

 

La team Pierre/Ismaël/Cédric ne fera pas mieux, et même Seb (qui a pourtant mis les chaussons) ne parviendra pas à libérer le passage, peut-être un peu fatigué par ses performances dans les 6a de la Demande la veille.

L’autre longueur clé de la voie arrive, un 6b+ sur poudingue. Elle est plus fine et plus du tout déversante, et à ce jeu, j’ai l’impression que c’est moi qui galère le plus ! Camille sort la longueur malgré un équipement pas tout proche et un itinéraire pas facile à trouver et rejoint Xav au dernier relais, prêt à attaquer la dernière longueur, la petite Cécile déjà au sommet. Le reste des cordées suit à son rythme.

Bertrand ne se sent pas d’attaque pour les deux dernières longueurs, et sans que j’aie besoin de trop négocier, mes 2 partenaires me laissent galamment partir en tête dans la prochaine longueur en 6c. Nous sommes encore sur du poudingue, c’est une très jolie longueur assez fine en dalle qui me convient bien d’autant que l’équipement, s’il est un peu plus espacé reste plus que correct pour une grande voie.

 

Ca papote pas mal aux relais dans la 2° cordée, nous avons pris un peu de distance avec l’aller retour de Seb pour récupérer le relais oublié et nous ne les reverrons plus jusqu’au sommet.

 

Dernière longueur, encore un bon pas de bloc au départ du relais, facile à négocier en tirant aux dégaines que Xav… nous a enlevées ! Tant pis, Camille s’en sort quand même. Cette dernière longueur sur d’énormes assiettes n’est pas dure, mais il est déjà 15h et la fatigue est là ! Tout le monde finit par atteindre le sommet avec le sourire.

Je suis partie sur ma lancée et je me sens d’attaquer la dernière longueur en tête, un court 6c avec traversée sous un toit 200m au-dessus de la mer avant de se rétablir par un pas athlétique en haut de la voie. Pour le coup c’est nettement moins mon profil de prédilection, et je m’y reprendrai à 2 fois pour réussir le réta sous les encouragements des (nombreux) promeneurs du dimanche, assez déconcertant ! Alexis flashera la sortie avec une méthode bien à lui et c’est Bertrand qui sort à son tour, bien daubé mais fier de cette première grande voie.

 

On attend (longtemps) la cordée des suivants mais le spectacle en vaut la peine, le dernier passage est particulièrement photogénique et Cédric en profite pour faire une pose en no foot sur une main tout en repofant, avant de réaliser qu’en fait ça daube bien les bras, et il finira par sortir en rampant en  mode phoque :-). Ismaël adoptera la même méthode de ramping, assez efficace visiblement, et seul Pierre sauvera l’honneur de la cordée en sortant avec un peu plus de style et d’éthique.

Au final, avec un peu de débrouillardise et sans chercher à forcément enchaîner les longueurs, la voie est très bien passée. L’objectif est avant tout de sortir en temps et en heure. Tout le monde a joué son rôle et aucune erreur flagrante n’a été commise, si ce n’est un peu dans la gestion des sacs. Car lorsqu’on est à son niveau max, particulièrement en dévers, le poids supplémentaire sur les épaules, ça change tout ! Et il vaut mieux laisser la charge (optimisée) au second, voire utiliser des techniques de hissage.

La grande voie, c’est avant tout de l’expérience et de l’humilité afin de ne pas se retrouver à subir des longueurs trop dures. L’idée de cette sortie était justement, de part la présence « joker » de Seb et moi, d’apporter un joli brin de cette expérience sans avoir trop de stress à gérer concernant le timing et la difficulté. Objectif atteint il me semble, si je me fie aux sourires, aux visages illuminés bien que fatigués au sommet et aux discussions passionnées autour de la bière au port de la Ciotat.

Prochaine aventure au 28 avril dans les gorges du Loup !

Sylvain & Cécile

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