Depuis la première session des cycles GV, j’ai en tête d’emmener mes stagiaires à la mythique paroi du Giet, sur les pentes du Mont Sint Martin, au-dessus du petit village isolé d’Aiglun et des flots tumultueux de l’Esteron traversant la clue homonyme.
Aiglun, j’y ai fait mes armes en grande voie, la parcourant pour ma liste de courses, aussi bien en voies équipées qu’en terrain d’aventure. De la mythique « Cerise sur le gâteau » à « Masothérapie pour tendons maniaques », quelques beaux souvenirs sont accrochés aux prises de cette falaise d’environ 250m. Mais je n’avais jamais eu l’occasion de grimper deux grandes classiques, les deux voies équipées les plus faciles avec « l’éperon des 4 vents » et « les chevreuils du Calendal » parcourant la gauche de la paroi.
Les deux voies suivent des lignes parallèles après une première longueur commune. Elles proposent environ 200m d’escalade en 8 ou 9 longueurs en 6a+ max mais soutenues dans le 5c/6a. Un beau morceau d’escalade pour les participants au cycle qui ont travaillé dur pour en arriver là !
Nous sommes donc 12 sur le parking d’Aiglun à 9h, sans trop de retard malgré un réveil râté de JP. Ju a récupéré le matos la veille et s’occupe de la distribution. Maintenant, la plupart des grimpeurs ont leur matos à quelques détails près, hormis Mattieu L. qui s’est incrusté depuis le cycle élargi, profitant de l’absence de certains. Pour lui, c’est une grande première, et quelle première !
L’objectif premier était de parvenir à sortir avant la nuit. La première longueur étant commune, il s’agissait d’être efficaces tout au long de la journée et particulièrement sur le départ. Je laisse donc les groupe finir de se préparer en toute confiance et j’attaque avec ma cordée la marche d’approche d’une grosse vingtaine de minutes. Il fait un peu froid mais la paroi prend déjà le soleil. Comme toujours en cette période, il s’agit de composer entre prendre plein de vêtements pour être sûr de ne pas avoir froid et le poids du sac. Je penche vers un sac plutôt léger car il ne semble pas y avoir du vent et aucun nuage n’est prévu. Arrivé au pied de la paroi, après avoir cherché quelques minutes le départ bien caché, je range la couche thermique au fond du sac et ce sera t-shirt jusqu’au sommet !
Je suis donc avec Thibaud et Laura dans les Chevreuils. Etant le plus rapide, je me lance dans la première longueur en 5c assez teigneux pour une longueur de chauffe pour arriver au premier relais pas hyper confortable, rapidement suivis par mes deux camarades du jour. Julien prend la tête de la cordée suivante composée de Roxane et Mattieu L. Il nous dépasse par la gauche pour atteindre un premier relais un peu plus haut et plus spacieux dans l’Eperon. Je suis déjà dans la L2 en 6a+ fin et pas facile tandis que Djé attaque la L1. Il part dans l’éperon avec Jean et Florian. JP prend la tête de la dernière cordée avec Matthieu H et Jean-Luc.
A partir de là, tout déroule bien. De notre côté, je cède la place à Laura qui, après deux premières longueurs qui ne mettent pas vraiment en confiance, trouve le courage de passer devant pour 4 longueurs en 5c, 5b, 5c et 5c. L’escalade est assez engagée mais elle s’en sort à merveille. Les longueurs sont belles, le caillou est plutôt sain si on oublie la longueur en 5b en gradins. Thibaud, qui est arrivé les bras déjà explosés après la L2, apprend à gérer son stress qui augmente avec la hauteur. Lui qui a largement la marge dans ce genre de cotations se retrouve à serrer les prises bien au delà du raisonnable, venant puiser dans ses réserves d’énergie un peu trop rapidement. Il prend sa première chute en second et se retrouve les fesses dans le vide à 150m de haut !
A notre gauche, Julien s’occupe de guide les cordées. Il enchaîne les deux premières longueurs (5c puis 6a) laissant la place à Roxane qui se perd un peu dans la longueur en 5c suivante malgré les indications claires « Vraiment à gauche ! » et oblige ses compagnons de cordée à traverser quelques buissons. Elle conserve le lead sur la longueur suivante et utilise ses compétences en TA pour improviser un relais mixte arbre/plaquette.
Djé a recollé à la cordée le précédant mais ils ont la chance d’avoir des relais confortables, ce qui n’est absolument pas notre cas. Mais on a rapidement pris un peu d’avance sur la cordée JP que j’attends aux relais juste un peu pour vérifier que tout va bien. On peut même se permettre de prendre une pause sandwichs au seul relais vraiment confortable après la magnifique L6 où je reprends la tête de la cordée pour enchaîner le deuxième 6a+, une longueur exceptionnelle en très léger dévers sur gros trous. Je prends mon pied comme pas possible.
Je fais une courte pause au relais, de nouveau inconfortable, pour admirer Julien un peu en dessous de moi qui a repris la tête pour deux longueurs en 6a/6a+ très bien équipées. Je le vois couiner dans le 6a+ à gouttes d’eau mais il s’en sort très bien. Au dessus de moi, une longueur en 4 avec des arbres. J’avance donc et me retouve à aller jusqu’au relais suivant, tout juste en bout de corde. Mes seconds puisent encore un peu dans leurs réserves dans ce 6a+ physique alors que dans la cordée de derrière, Matthieu H qui a pris la tête depuis la L4 les observe galérer avec la goutte au front…
Lorsque Thibaud et Laura arrivent à mon relais, ils ne me rendent que 4 dégaines ! Le reste est resté à la demande de Matthieu avec diverses pédales sur la voie. Il me reste encore 25m d’escalade en 5c… Tant pis, je vais engager un peu. Il est 15h tout pile quand j’arrive au sommet pour faire mon dernier relais sur un gros chêne.
Pendant ce temps, Julien organise un petit mouflage pour aider Mattieu L dans le 6a+ tout en laissant les dégaines pour Djé qui apprécie le geste. Il enquille ensuite avec les deux dernières longueurs pas très intéressantes. Nous avons déjà rangé nos cordes lorsqu’il arrive au chêne.
Derrière nous, Jean-Luc a pris la tête depuis le relais peu confortable du 6a+ et choisit de faire le 4c et le 5c en une fois, ce qui l’oblige à faire le dernier relais juste sous le sommet, n’ayant pas assez de corde pour atteindre le fameux chêne ! Finalement, il est 16h15 lorsque le dernier grimpeur atteint le sommet. Le soleil est encore là mais passe derrière les sommets, faisant du même coup chuter la température de quelques degrés. Matos rangé, on attaque la marche retour qui commence par grimper raide pour retrouver le magnifique chemin de rando qui nous ramène au village. On profite des couleurs de l’automne et les frotales n’auront été utiles que pour aller explorer la grotte obscure et observer ses 2 chauve-souris sur le chemin du retour.
Voilà donc une fois de plus une bien belle journée qui s’achève, de bonne augure pour la suite ! Hâte de poursuivre l’aventure avec le cycle élargi dans les calanques le 7 décembre !